Mesdames,
Une proposition à penser à ce que provoque cette phrase, en écriture, en photo, en dessin, en vidéo, en enregistrement vocal, en danse, en poterie, en musique... en ce que vous voulez, en ce qui vous chante.
Vous pouvez choisir de signer (l'occasion de s'inventer un nom de scène !), ou de rester anonyme.
Précisez-le quoi.

lundi 14 septembre 2020

Siempre prefiero el infierno, parece..

Tâcher d'être une femme libre, c'est lutter sans relâche : rien n'est fait pour ça.
Le monde dans lequel nous vivons ne veut pas ça.

Une femme libre ?
Presque une oxymore. 


Tâcher d'être une femme libre, c'est se battre contre les autres et contre soi. Contre la morale et le moule. Tout le temps.
T o u t l e t e m p s .
La moindre pause, le moindre moment de repos, de faiblesse, de doute, tu baisses la garde et hop ! Ça te rattrape ! Tu prends la dureté du monde dans la gueule. En pleine poire.

J'ai pas envie de serrer les dents toute ma vie, mais j'ai l'impression qu'il va bien falloir... Et savourer les quelques instants de répit : un coucher de soleil, un ciel étoilé, un renard dans le fond d'un jardin... ces instants naturels juste beaux qui te foutent la paix et te rappellent que tu fais partie de ce tout. Point.

Tâcher d'être une femme libre, c'est, je crois, rechercher cet instinct naturel, cette pulsion de vie, cette joie créatrice, cette lubie, ce caprice de vivre ! La vie n'a pas de prix !!
Poussez-vous, poussez-vous, laissez-moi VIVRE !
Et démerdez-vous vous-mêmes avec vos grands principes et vos idées sur ce que je devrais faire.
Trop ceci et pas assez cela : prends ce miroir, là, devant toi et laisse moi respirer.
Si je vous dérange, c'est que ça vous bouscule dans les cases dans lesquelles vous vous êtes enfermé-es vous-mêmes.
Très bien.

Jusqu'à ce moment où la réflexion "t'as jamais rien fait comme les autres" devient presque un pacte avec soi-même : je ne ferai jamais rien comme les autres.

Avec cet effet collatéral qui m'enchante : il semble qu'en plus ça vous emmerde !

Et ça, j'aime ! Malgré tout. Même si c'est pas reposant du tout...

Déranger. Dé-ranger.
Provoquer.
Secouer.

 

Siempre prefiero el infierno, parece..
Il semble qu'à chaque fois, je préfère l'enfer..

lundi 30 mars 2020

Les cheveux rouges

Je suis en 4e et surtout c'est l'époque d'Hartley Coeur à vif. Le sitcom qui berçait le retour du collège. Dans la série, il y a une des actrices qui a une bande rouge de cheveux au niveau de la pointe. C'est tellement rebelle d'avoir les cheveux rouges et encore plus d'avoir juste une bande. C'est ce qu'il me faut dans ce contexte de collégienne en rupture avec les moutons de sa classe. La question est de savoir comment je vais m'y prendre pour arriver à mes fins... Ma mère n'est pas du genre à accepter ce genre de facéties. Elle est plutôt balayage et tailleur pantalon, sans artifice. Et comme se percer les oreilles c'est une mutilation du corps, et bien il n'y pas non plus pas l'ombre d'une boucle d'oreille à l'horizon. Bref, le challenge va être ardu. Pas impossible. Il faut juste que je trouve la brèche. Cependant, il est assez facile de deviner la faille d'une personne ayant des problématiques d'alcoolo-dépendance. Ça donne des points d'avance sur son fonctionnement.

Ça y est je sais ! J'ai juste à attendre qu'elle se mette la race et ensuite à lui faire signer une autorisation de peinturlurage de cheveux. Sur une de ses ordonnances. C'est absolument machiavélique mais dans un état autoritaire comme celui dans lequel je vis, tous les moyens sont permis pour contourner la dictatrice et se réapproprier un peu de ses envies !

La soirée commence avec une bouteille de Kriter, brut, of course. Des clopes, des fines 120 menthol pour l'effet brouillard fraîcheur. Nous sommes en face à face. J'entame le cycle de négociation avec la partie adverse. Le marteau du juge retentit sur la table : "il n'en est pas question !". Madame la juge propose un balayage en échange. Laissez-moi rire ! Une deuxième bouteille de Kriter tombe. Le brouillard s'intensifie... Les yeux s’amenuisent et se plissent. C'est le moment de l'offensive. J'ai déjà écrit le "mot". Y'a plus qu'à signer... Simple, non ? Je dégaine l'instrument, me place parallèle à la juge, lui glisse l'objet dans sa main droite et hop elle signe ! La 5e colonne a repris ses droits !!!

Le lendemain, rendez-vous chez le coiffeur (une adresse qu'on se refile dans le milieu). Ma mère me dépose sans rien dire. Elle ne souvient de rien. Dommage pour elle. J'y suis ! Je suis la tête dans le bac à cheveux et je vais avoir les cheveux rouges !!! youpitralala ! Le résultat n'a pas le même rendu que sur la super belle meuf de la série, oups. Je m'en tape ! J'ai les cheveux rouges !!! Ma mère vient me chercher. Surprise ! Elle n'a pas le temps de dire quoi que ce soit. J'ai blindé ma plaidoirie. Je lui sors l'attestation qu'elle a signé. On rentre et elle m'autorise une semaine de cheveux rouges. La prof de maths, ça lui plaît pas. Elle menace de me virer de cours. Je tiens. Je vais même empaqueter les courses des gens à l'intermarché du coin pour récolter des sous pour le voyage en Espagne avec mes cheveux rouges. Mais au bout d'une semaine, Margaret Thatcher revient à la charge. Le rendez-vous est pris chez le capilliculteur. Je suis au pied du mur. Je sens que la monarchie va gagner. Je m'en fous j'ai eu les cheveux rouges !

lundi 2 mars 2020

Souvenir lointain, j'avais une vingtaine d'années. Mes pieds trépignaient d'impatience de découvrir le monde. Je vais à une conférence d'un écrivain voyageur qui a marché jusqu'en chine en suivant la route de la soie. A la fin, enthousiasmée à l'idée de faire comme lui, c'est à dire tout quitter et partir voyager à pied, je vais le voir avec cette envie folle de lui exprimer mon désir de partir moi aussi. Il m'a répondu froidement: "bah y va peut-être falloir bosser avant de partir. Faut que t'attende l'âge de la retraite pour ça..."
Alors j'ai tourné les talons, déçue du pragmatisme avec laquelle il me répondait. Je m'en fiche, j'irai quand même, n'importe où, où le vent m'emportera et contre vents et marais, je voyagerai, je quitterai le petit cocon bien confortable mais qui me paraissait si ennuyeux du boulot-métro-dodo, enfin, en tout cas pour moi, sans vouloir dénigrer les gens qui ont un travail stable, passionnant ou moins passionnant. En tout cas, pour moi, c'était impensable à ce moment là de m'enfermer dans une vie sédentaire, j'étais déjà convaincue à ce moment là que l'Homme est fondamentalement nomade et que la sédentarité l'a aliéné et l'amène à sa perte. Pessimisme assumé...
En tout cas, à cette époque là, il était hors de question de m'installer, rencontrer quelqu'un, avoir un boulot fixe, un chien, une machine à laver, un fer à repasser, un train-train quotidien lassant et tout sauf vivant. Alors j'ai inversé le cours des  choses. Je trouvais ça idiot d'attendre l'âge de la retraite pour profiter de la vie et de faire ce que bon me semble. A l'aube de mes 39 ans, maintenant que ma retraite touche à sa fin, après avoir accumulé un nombre incalculable d'expériences de vie, d'amour, après avoir voyagé et découvert le monde pendant tant d'années, je commence à me mettre au boulot ! sans regret...

Lili

mardi 19 novembre 2019

Extrait d'une lettre du 19.05.2019 - Fiesta de la Vida

[…] Vous le savez, j'ai eu à vivre, il y a maintenant quelques temps les moments les plus durs de ma vie. 15 mois de mélancolie, 15 si longs mois, 15 trop longs mois. La « mélancolie », ça sonne plus poétique que la « dépression », mais c'est pire. C'est le fauteuil roulant du malade psychique. Tu es cloué, ton système cognitif ne répond plus, tu ne le maîtrises plus : perte d'élan, ralentissement de la pensée, des idées et des émotions. Les idées noires t'envahissent et te hantent, sans arrêt. Tu penses avoir tout raté. Tu es ko. Tu souffres, terriblement. Tu as juste envie de crever.

Cette fois-ci, je ne pensais vraiment pas parvenir à passer ce mur qui s'était à nouveau érigé devant moi. Oui, ça m'était déjà arrivé des périodes mélancoliques, et j'y étais arrivée, à me relever. Mais là, c'était si long, je n'y croyais vraiment plus ! Et pourtant en un beau mois de mai de l'an dernier, j'ai enfin transpercé ce sombre nuage (un peu trop vite, d'ailleurs, mais bon, au moins, c'était fait! ). La chimie m'a aidé, c'est sûr. Mais aussi, c'est vous, vous mes cher-ères, vous toutes et tous. Vos attentions, votre présence, votre aide, votre amour, vos pensées : autant de petites bouées lancées, dans la tempête de haute-mer que je traversais, qui m'ont tant aidé à ne pas me noyer, qui m'ont porté.

Bien sûr et avant tout, je remercie mes parents et mon frère, qui ont été là tout le temps, inlassablement. A mon chevet, qui m'ont extrait de mon lit quand je n'arrivais plus à le quitter, qui m'ont fait à manger, quand je n'en n'étais plus capable, qui m'ont constamment accompagné alors que la maladie me rongeait. Merci à eux. Et Merci à vous tous aussi, pour tout : tous vos gestes, toutes vos attentions, toutes vos pensées d'espoir et de lumière, pour ce que vous êtes, d'être dans ma vie.

Je trouve souvent très injuste que la maladie psychique, soit entrée dans ma vie, depuis 15 ans aujourd'hui, que ma vie soit devenue un ring. Cette maladie te broie, elle te propulse brutalement dans un champ de ruines et tout aussi brusquement dans une folle échappée du réel où tu délires complet : tu te prends pour une héroïne traquée et persécutée, tu interprètes, tu penses à toute allure et trop vite, les idées de grandeur t'envahissent, tu fais des liens qui te semblent tout à fait logique et pourtant ils n'en n'ont aucune, tout est désorganisé, tu voudrais que tout ce que tu penses dans ces moments là ait du sens, et pourtant ça n'en n'a aucun. Tu te retrouves dans un rôle et dans un monde qui ne sont plus la réalité ! Tu finis contentionnée, internée et sédatée.

Oui je trouve cela injuste, mais dans le même temps, je me rends compte aujourd'hui que grâce à cette maladie, j'ai pris des chemins de traverses, vu et ressenti des choses inédites, parcouru les plus extrêmes limites de mon être. Elle m'a rendu, à chaque épreuve qu'elle m'a fait traverser, plus forte.

Bref, pour tout çà, pour vous remercier de m'entourer si chaleureusement, pour avoir été brillants et vivants dans la pénombre que je traversais, pour tout simplement célébrer et être ensemble, je vous invite à La Fiesta de la Vida.

Gaëlle Fayan

Extrait d'une lettre du 10.06.2012 - Haïti, ce gros clown


[…] Mon prof de clown il dit que « dans le clown il n'y a pas de banal, il n'y a que de l'énorme ».
Alors, au retour de ce sixième séjour haïtien, je me dis que quand même Haïti est un énorme clown !

Oui c'est vrai ça, ce n'est quand même pas banal, que l'on ne sache pas réellement si le président jouisse de la nationalité du pays, mais que l'on soit sûr, à l'inverse, de son passé de piètre chanteur de kompa, misogyne à souhait et des sombres affaires dans lequel il est trempé...
pas banal, que des policiers se fassent assassiner par des sénateurs... que les maires passent, par simple décision ministérielle, du statut d'élus locaux à celui d'agents administratifs exécutifs...
pas banal, que l'ancien cruel dictateur Duvalier et l'ancien président, le prêtre Aristide, aux allures autoritaires et mégalo aussi, soient de retour dans le pays, et y mènent une vie tranquilou bilou...
pas banal, que des organismes internationaux s'acoquinent avec les gangs des bidonvilles pour mieux pouvoir décaisser leurs projets et que certaines ong fassent n'importe quoi...
pas banal, que plus d'un million, et sûrement bien plus, de citoyens n'existent pas aux yeux de l'Etat, car ils ne disposent d'aucun papier d'état civil...
pas banal, de voir ici des gens survivre parfois dans des conditions infrahumaines, comme des chiens, des moins que rien...
pas banal, que le virus du choléra ait été, l'an dernier, introduit dans le pays par une garnison de la minustah, la forcée armée de l'onu, présente ici depuis 8 ans, que le virus soit en train de muter pour mieux tuer...
pas banal, de monter dans un taxi, en défiant les lois de la physique, parce que oui à plus de 6 ça le fait, et de noter que le chauffeur le fait démarrer en se faisant toucher 2 fils...
pas banal, que les enfants en province, dont je ne m'empêchais de penser qu'ils pourraient être ma nièce et mon neveu chéris, passent la plus claire de leur journée, à aller chercher de l'eau, loin, vraiment trop loin pour des enfants...
pas banal, de monter à Hinche, en passant par Mirebalais, et de trouver la route bloquée par une vingtaine de barricades parce que les gens en ont plein le cul de ne pas avoir d'électricité...
pas banal, que le bus qui me ramenait d'Aquin appartienne à la 'Cie' 'Sang de Jésus' (!), pour le moins un sang qui a perdu le sens de la ponctualité...
pas banal, que la qualité et la beauté sans nom des produits locaux et de l'artisanat donneraient envie à Bernard Pecqueur de se tenter une p'tite démonstration de SPL (système productif local) et de ressources territoriales, d'aménités quoi !
pas banal, que la créativité et l'ingéniosité dans le domaine des arts mêlés - musique, littérature, peinture, sculpture – soient sur cette île, dignes des plus grandes nations créatrices....
pas banal, d'admirer des paysages d'une hallucinante beauté, mornes tropicales et plages caribéennes, qui, si on les mettait ailleurs, feraient rêver le monde entier...
pas banal de se sentir ici plus que n'importe où, vibrante et vivante, en prise directe avec les énergies de l'Histoire, notre Histoire, passée et présente, coloniale et révoltante, post-coloniale/néolibérale et enrageante...

Oui c'est ça en fait je crois, Haïti est un gros clown, vraiment pas banal. Et peut-être plus que ça encore, un spectacle vivant, un beau spectacle de Cirque, qui fait pleurer et rire, qui créé des « émotions qui sortent des yeux », qui fait vibrer et rêver que oui, on doit rendre la société plus juste, sensible et poétique, simplement pour la rendre vivable...

Gaëlle Fayan

Extrait d'une lettre du 17.02.2011 - C'était Haïti

[…] Voila je viens de laisser Haïti pour la Guyane... et je pensais tout à l'heure dans l'air tout écoutant Air (ce qui vous l'accorderez est quand même très drôle) à ce que M. me disait hier soir : que quand on visite un pays pour la première fois on peut écrire un bouquin, la 2e, un article et après c'est la page blanche ! (bon c'est A. qui l'avait soufflé à M. !)

Et bon quand même sur ce coup la A. il avait pas tort, le diable ! Oui c'est ça je crois plus tu connais un pays et plus tu t’aperçois de tout ce que tu ne connais pas et ce d'ailleurs que tu ne connaîtras jamais ! (bon ce séjour m'a quand même permis d'apprendre notamment l'haïtiannerie des sacs plastiques qui font peur aux mouches !)

Mais alors que dire pour ne pas rester sans rien vous dire ! Ben Haïti m'est encore apparue tout a fait paradoxale !
Oui c'est ça le paradoxe profond de mélanger dans un même élan souvent insaisissable d'ailleurs : le Beau et l'Horreur, le Grand Espoir et le Grand Désespoir, le vaudou et les courants chrétiens (et leurs dérives), la religion et la débauche, les bandits et les gens honnêtes, les brillants intellectuels et les plus cruels dictateurs !
Bref tout se mélange comme ça dans un tourbillon à la fois révoltant, émouvant et passionnant...
Mais ce qui est bien dans les antonymies c'est que l'on peut toujours se raccrocher à la Lumière, au Beau et à l'Espoir et tenter d'oublier le reste, sinon on deviendrait certainement fou !

Alors j'essaye d'oublier les 300 000 âmes qui planent sur la ville de Port au Prince, les fatras, les tas de gravats, la puanteur, les camps, l'OIM (!), les blancs qui sont énervants, la poussière, les mensonges, la malhonnêteté, l'ignorance, la dénutrition, ce journaliste tué en pleine rue la semaine dernière, Sweet Micky qui commence à faire sa campagne, le retour au pays de l'ancien dictateur...

Et puis je repense, en voulant garder ça en mémoire, aux amis, aux collègues partenaires motivés et vaillants, aux sourires, aux couleurs, aux fruits, aux peintures, aux fers découpés, à la musique, à Dany Laferrière et Raoul Peck, aux taps-taps, à Jacmel, à la mer, aux écrevisses, aux projets qui avancent dans le bon sens, au soleil...

Oui je repense à tout ça !

Gaëlle Fayan

Extrait d'une lettre du 02.07.2010 - Des nouvelles haïtiennes

Voilà, le retour en Haïti, depuis quelques jours. Celui que j'appréhendais quand même un peu ! Revivre ce si terrible 12 janvier, quand durant quelques secondes tout a valsé, tout s'est dérobé, la terre s'est éventrée, tout cela si violemment.

Moi j'étais là-bas, kaye Riviera. Et cette image, celle de moi seule au milieu de la cour, devant la maison de B., quand les murs s'écroulaient autour, m'a longtemps hanté. Elle me faisait penser à celle d'Adrien Brody dans « Le Pianiste », dans cette Varsovie ravagée par la Guerre. Ce 12 janvier, à Port au Prince, pas de guerre déclarée et pourtant : la destruction, les morts par centaine de milliers, l'abattement voire l'égarement des survivants, la fuite, le rapatriement...

Alors évidemment cet agacement géologique, cette déflagration terrestre n'a fait que révéler un peu plus insupportablement les dégradations historiques, politiques, économiques, sociales et environnementales de ce pays et des conjonctures extérieures qui pèsent sur lui. Rien ne tenait déjà vraiment debout ici, tout était vacillant et à la fois si charmant voire envoûtant... Haïti, m'est souvent apparue insaisissable, indicible... Aujourd'hui bien plus encore forcément ! Cette ville n'en n'est plus vraiment une (si tant est qu'elle l'était avant !) : des gravats, des tentes, des camps partout....

Et puis au milieu de ce chaos, ils sont là, les haïtiens, ils tiennent debout, comme ils disent, vaillants, s’affairant toute la journée : les p'tes marchandes, les écoliers, les p'tis business...

Au milieu aussi, le monde entier, ils sont tous là : ONG, « experts », institutions internationales, tout le merdier. On parle de 13 000 « experts » qui seraient passés dans le pays depuis la catastrophe et de plus de 1000 ONG présentes, dont bien évidemment la grande majorité n'avait jamais foutu les pieds avant dans le pays ! Bref quel délire, quelle dérive d'un système 'd'urgence-développement' qui se mord la queue et arrive à faire ce qu'il souhaitait combattre au début (Illinch décrit très bien ce phénomène de contre-productivité dans d'autres secteurs comme l'éducation, les transports, la santé... ). Et puis les évangélistes à la con, vous en parle même pas. Bref c'est la merde !

Mais ce que je retiens pour l'instant et malgré tout, après quelques jours de ce retour, c'est qu'il existe de vraies et profondes forces ici, celles d'organisations et de partenaires locaux, miroir d'une société civile dévouée à la Reconstruction de ce pays.

Ce je retiens aussi et surtout vraiment, au milieu de cet indicible chaos, qui donne paradoxalement le besoin insaisissable de dire, c'est les sourires et les rires même parfois, la musique (hier RAM a rejoué pour la première fois !). Que oui finalement, la Vie a repris malgré tout et c'est déjà si beau... Puis y'a des Prestiges (bière locale) alors on va pas se plaindre !


Gaëlle Fayan

samedi 19 octobre 2019

Aimer sans définition

Si si, je l'aime.

Non non, on ne vit pas ensemble.
On vit même très loin l'un de l'autre.

Des fois, on s'appelle.

Ah non non, c'est pas "trop dur".
C'est pas toujours facile, mais ça laisse une liberté assez agréable quand même...
Je fais ce que je veux quoi.
Et lui aussi.

Si si, c'est une relation qui compte.

Non non, c'est pas "mon mec".
Si si, j'en suis amoureuse.
Bein si, lui aussi il me semble.

Oui, on s'embrasse et tout, oui.
Non non, on n'est pas "en couple".
Enfin pas comme tu l'entends je crois...


Disons qu'on est plutôt un "duo".
Oui, "un duo".




lundi 30 septembre 2019

Jveux pas d'enfant

Ou plutôt, j'en sais rien.
Mais je remets ce truc-là en question.
Et pour une femme, à mon âge, ça ne se fait pas trop. C'est pas normal.

"Mais tu ne sens pas un truc à l'intérieur ?!"
"Tu verras, quand ton horloge biologique se réveillera... "
"Tu réfléchis trop."


Ce qui est intéressant, sur ce sujet, c'est que ce sont les femmes qui entendent le moins qu'il soit remis en question...

dimanche 29 septembre 2019

29 septembre : 
Aujourd'hui, j'ai serré la main à un vieux chasseur. On lui barrait la route avec notre camion... fallait bien faire de la diplomatie!
Alors j'ai serré plus fort que lui, juste pour qu'il sache...

Mon nom sera donc : pouzzolane
Chez moi,
chez moi, on est droitier, pas gaucher
chez moi, on lit, on écrit pas, on visite, on créée pas
chez moi, on arrête pas ses études pour vadrouiller, bidouiller, glandouiller,
chez moi, on a de l’ambition sociale, mesdames !
chez moi, on amasse plus qu’on ne se prélasse,

mais qu’est-ce que je fous là ?!

Chez moi, j’ai grandi, je suis partie, puis je suis revenue...